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LE COMITÉ CENTRAL TRIOMPHE.

comme nous. Tous les efforts des députés de la Seine et des maires de Paris ont échoué devant l’apathie de l’Assemblée. C’est en vain que Louis Blanc a supplié les représentants de la France d’approuver la conduite conciliatrice des représentants de Paris.

— Vous prenez la responsabilité de ce qui va arriver ! s’est écrié M. Clemenceau.

Il a eu raison. Un peu de condescendance pouvait tout sauver ; tant d’obstination peut tout perdre. Destitués de l’appui de l’Assemblée, abandonnés à eux-mêmes, les députés et les maires de Paris, désireux avant tout d’éviter la guerre civile, ont dû céder au Comité central qui exigeait des élections municipales immédiates. Ils ont bien fait, mais, en s’humiliant devant la force, ils ont singulièrement compromis leur autorité. Ce que l’Assemblée, représentant la France tout entière, pouvait faire sans déchoir, et en reconquérant, au contraire, toute sa puissance, ils ont voulu, ils ont dû le faire, au risque de compromettre leur influence ; ce qui, venant d’elle, n’eût été qu’une concession honorable, est, venant d’eux, une soumission dangereuse, nécessaire pourtant. Le Comité eût été annulé, grâce à des élections municipales consenties par l’Assemblée : il triomphe, grâce à ces élections subies par les députés et les maires de Paris. Ce qui résulte de l’humiliation à laquelle l’entêtement du Gouvernement a contraint nos représentants, qui n’ont pas eu d’autres moyens d’éviter l’effusion du sang, c’est l’abdication de toute autorité entre les mains du Comité central qui fait élire la Commune, entre les mains des membres de la Commune qui seront élus dans une heure. Dénués de gouvernement, par suite du