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LA PRINCESSE OISELLE

L’épouvante fut si grande que toutes les mères couraient à travers les rues, serrant contre elles leurs enfants en pleurs, comme des sarigues qui emportent leurs petits ; parmi les courtisans, il y en avait beaucoup qui se demandaient s’ils ne feraient pas sagement de s’aller soumettre aux trois magiciens ; car il est plus glorieux que prudent de rester fidèle au moins fort.

Pour se tirer de péril, le roi s’avisa d’un moyen : il envoya des courriers à tous les princes des environs, avec mission d’annoncer qu’il donnerait sa fille en mariage à celui qui le délivrerait des géants. Mais les princes, jugeant la lutte inégale, se gardèrent bien d’entrer en campagne, si séduisante que fût la récompense promise ; de sorte que, un peu avant le soir du troisième jour, tout le monde s’attendait à périr dans les décombres de la ville, lorsque quelques personnes, guettant du haut de la muraille, virent les trois géants sortir avec des gestes de douleur et d’effroi de la tente où ils faisaient la sieste, et s’enfuir, en hurlant, comme des fous.