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LES OISEAUX BLEUS

La joie générale fut d’autant plus grande que plus grand avait été le désespoir ; cependant, on se perdait en conjectures sur la cause d’une délivrance si imprévue.

— Mon père, dit la petite princesse, c’est à l’oiseau que j’aime qu’il faut rendre grâce de cet heureux événement. Il est entré, en voletant, sous la tente de vos ennemis, et, de son bec, pendant qu’ils dormaient, il leur a crevé les yeux. Je pense que vous tiendrez votre promesse et que vous me permettrez d’avoir pour mari le rossignol du rosier grimpant.

Mais le roi, — soit qu’il jugeât peu véritable le récit de la princesse, soit que, malgré le service rendu, il lui répugnât, décidément, d’être le beau-père d’un oiseau, — pria sa fille de ne pas lui rompre davantage la tête ; même il lui tourna le dos, de fort méchante humeur.

Le soir, tandis que le rossignol préludait dans les fleurs et les feuilles :

— Ah ! bel oiseau que j’adore, dit-elle, il n’est plus temps de se réjouir ; car mon père, bien que vous l’ayez délivré des géants, ne veut pas consentir à nos épousailles.