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LES OISEAUX BLEUS

ils, si des gens charitables ne les secouraient point ? Hélas ! si jeunes, leur faudrait-il mourir, abandonnés de tous, sur un tas de pierres de la route, moins dur que le cœur des hommes ?

— Quoi ! dit-elle, ce qu’ont tous les autres, ne l’aurons-nous jamais ? Est-ce trop de demander un peu de feu pour se réchauffer, un peu de pain pour le repas du soir ? Il est cruel de penser que tant de gens dorment à l’aise dans de bonnes maisons chaudes, et que nous sommes ici, tremblants de froidure, comme des oiselets sans plume et sans nid.

Il ne répondit pas ; il pleurait.

Mais tout à coup ils purent croire que, morts déjà, ils étaient dans le paradis, tant il y eut autour d’eux de magnifique lumière, tant leur apparut rayonnante et pareille aux anges la dame qui s’avançait vers eux dans une robe de brocart vermeil, une baguette d’or à la main.

— Pauvres petits, dit-elle, votre infortune me touche et je veux vous venir en aide. Après avoir été plus pauvres que les plus misérables,