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LES OISEAUX BLEUS

raient tenu dans un bas de poupée, son ventre de souris blanche, son visage qu’un pétale de marguerite eût suffi à cacher. À vrai dire, ils s’inquiétaient de la voir si extraordinairement petite, et leur royale grandeur ne pouvait supporter l’idée d’avoir donné le jour à une naine ; mais ils espéraient que leur fille grandirait, sans rien perdre de sa gentillesse. Ils furent bien trompés dans leur attente. En demeurant gracieuse autant qu’il est possible, elle grandit si peu qu’à cinq ans elle n’était pas plus haute qu’un brin d’herbe, et qu’en jouant dans les allées elle était obligée de se dresser sur la pointe des pieds pour cueillir les violettes. On fit mander des médecins fameux, on promit de leur donner les plus riches récompenses s’ils parvenaient à hausser de quelques pouces seulement la taille de la princesse ; ils se concertèrent avec gravité, les mains croisées sur le ventre, clignant de l’œil sous le verre de leurs besicles, inventèrent des drogues qu’Othilde fut obligée de boire, des onguents infaillibles dont on la frotta soir et matin. Tout cela ne fit que blanchir ; elle ne