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LES OISEAUX BLEUS

feur de banlieue. Ils montraient tous deux dans leur costume et dans leur attitude, un abandon de misère, un traînaillement de loques. C’était vraiment cet affreux couple parisien : le voyou et sa femelle. Elle ne lui donnait pas le bras ; ils faisaient marcher devant eux la petite fille qui avait ramassé la fleur ; et, en cheminant, ils parlaient.

Chienne de journée tout de même ! à cause de l’ondée toujours menaçante. Les gens riches n’avaient pas quitté leurs voitures, et, avec les bourgeois qui étaient venus pour voir malgré le mauvais temps, il n’y a rien à faire ; ce sont des malins qui prennent garde à leurs poches. Non, c’était enrageant, à la fin, de ne pas pouvoir se tirer d’affaire, lorsqu’on a bonne envie de travailler et qu’on n’est pas plus manchot que les camarades. Les étrangers ont de la chance, eux ; les Anglais surtout, à cause du Grand-Prix ; on les prend pour des gens convenables, qui ont des relations dans les écuries ; on les fait causer, pour avoir des renseignements sur les chevaux qui courront ; et eux, tout en causant… Mais les