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LA BELLE DU MONDE

I

En ce temps-là, dans ce pays, les jeunes filles et les jeunes femmes, si elles savaient qu’elles étaient jolies, ne le savaient guère que par ouï-dire. À peine suspendues au mur ou prises dans la main, toutes les glaces, grandes ou petites, se répandaient en lumineux débris, sans heurt visible, comme d’elles-mêmes. Et savez-vous pourquoi elles se brisaient de la sorte ? parce qu’elles étaient désespérées de ne pas être le miroir où la princesse Amarante mirait ses lèvres de fleur et, sous ses cheveux de soleil, ses yeux de ciel.

À cent lieues à la ronde on n’aurait pas,