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LES OISEAUX BLEUS

même en cherchant longtemps, rencontré une dame ou une demoiselle qui, pour la beauté, fût comparable à la princesse : elle était l’enchantement de tout ce qui l’entourait, hommes, bêtes ou choses ; pas plus que le roi son père, son petit chien ne pouvait se lasser de l’admirer ; si elle demeurait quelques heures sans traverser la salle où se tenaient les gentilshommes de la cour, ils devenaient malades de tristesse ; lorsqu’elle n’avait pas fait dans le parc sa promenade accoutumée, les balsamines et les jacinthes, en s’endormant dans un froissement de feuilles, se disaient l’une à l’autre, même après la plus belle journée : « Quel sombre temps il a fait aujourd’hui ! » Mais elle était pour le moins aussi méchante que belle ; d’avoir de profondes prunelles bleues où s’attendrissait délicieusement la lumière, ne l’empêchait d’entrer en des colères qui faisaient trembler tout le monde ; elle avait plus souvent envie de mordre que de sourire, bien que sa bouche eût la douceur aimable d’une petite rose poupine. Et la colère n’était pas son plus grand défaut : elle était