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LES OISEAUX BLEUS

soudre d’un tel péché. Où est-il, ce mouchoir ?

— Sous l’oreiller, mon bon ange.

— Il faudrait le restituer.

— Oh ! ce serait de grand cœur. Mais le puis-je ? Malade comme je suis, je ne saurais faire un pas ni même descendre de mon lit ; et la maison de la voisine est de l’autre côté du petit bois.

— Qu’à cela ne tienne, dit l’ange gardien qui avait réponse à tout. Faisons un troc, pour un instant : donnez-moi votre maladie, prenez ma bonne santé ; et je resterai dans le lit au lieu de vous, tandis que vous irez rapporter le mouchoir. Vos parents ne s’apercevront de rien ; je cacherai mes ailes sous le drap.

— Je ferai comme il vous plaira, dit Martine.

— Mais surtout gardez-vous de perdre le temps en chemin ! Imaginez ce qui arriverait si l’heure marquée pour votre mort sonnait avant votre retour : il me faudrait mourir à votre place ; ce qui serait tout à fait malséant, puisque je suis immortel.