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LA BELLE DU MONDE

dos d’un éléphant, il y avait un palanquin de velours jaune, aux longues franges d’or.

— Sois le bienvenu, dit la princesse Amarante, si tu amènes la Belle du Monde !

— Je l’amène, dit-il.

— Dans ce palanquin ?

— Oui,

— Hâte-toi donc de l’en faire descendre !

Le prince s’approcha de l’éléphant qui s’était mis à genoux, et le velours jaune s’étant écarté, ceux qui se trouvaient là virent, toute de neige et d’or, une si admirable personne, qu’ils en demeurèrent éblouis comme on l’est quand on regarde la gloire du soleil. La princesse Amarante poussa un cri de joie et de rage ! tant elle était heureuse d’avoir en sa puissance, pour en faire le jouet de sa haine, celle qui la bafouait par une aussi incomparable beauté. Et, soit que son horrible contentement la disposât à quelque mansuétude envers tout ce qui n’était pas la Belle du Monde, soit qu’elle ne pût enfin s’empêcher d’admirer l’obéissance et la victorieuse bravoure du prince :