Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
LES OISEAUX BLEUS

voisinage ? Une armée innombrable de héros, brandissant, au lieu de lances, la foudre et l’éclair, ne vaincraient pas ces monstres qui ne dorment jamais ! C’en est fait du prince, s’il ne refuse pas d’obéir à votre caprice.

Amarante souffleta sur les deux joues la trop pitoyable demoiselle d’honneur. Puis, se tournant vers le prince :

— Eh ! quoi, seigneur, dit-elle, vous n’êtes pas encore revenu ?

Il courba la tête et sortit. Mais ce fut seulement après une absence de plusieurs mois qu’il se montra de nouveau devant la princesse, une fois qu’elle traversait la cour du palais. Il était dans un état qui eût attendri les plus atroces cœurs ! Ses habits pendaient en lambeaux déchirés ; de profondes morsures sillonnaient toute sa chair ; un de ses bras lui manquait : il l’avait laissé sans doute dans la gueule de l’un des guerriers à tête de lion ou de tigre. Mais, l’orgueil de la victoire éclatant dans ses yeux et flottant dans sa chevelure éparse, il était superbe et magnifique ! Et, derrière lui, parmi des esclaves noirs, sur le