Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
LES OISEAUX BLEUS

les monarques de tous les pays, priés aux noces de Peau d’Âne, les uns, en effet, vinrent en chaise à porteurs, d’autres en cabriolet ; les plus éloignés montés sur des éléphants, sur des tigres, sur des aigles ; mais on a omis de nous faire savoir que le roi de Mataquin fit son entrée dans la cour du palais, assis entre les ailes d’une tarasque qui jetait par les naseaux des flammes de pierreries. Et ne croyez pas me prendre sans vert, en me demandant par qui et de quelle manière je fus éclairé sur ces points importants. J’ai connu jadis, dans une chaumine, au bord d’un champ, une très vieille femme, assez vieille pour être fée, et que j’ai toujours soupçonnée d’en être une ; comme je venais parfois lui tenir compagnie quand elle se chauffait au soleil devant sa maisonnette, elle m’avait pris en amitié, et, peu de jours avant de mourir, — ou de s’en retourner, son temps d’épreuve fini, dans le mystérieux pays des Vivianes et des Mélusines, — elle m’offrit en présent d’adieu un rouet fort ancien et fort extraordinaire ; car, chaque fois qu’on en fait tourner