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LA BELLE AU BOIS RÊVANT

la roue, il se met à parler ou à chanter d’une petite voix douce, un peu chevrotante, pareille à celle d’une mère-grand qui s’égaye et bavarde ; ce qu’il dit, c’est beaucoup de jolis contes, les uns que personne ne sait, les autres qu’il sait mieux que personne ; et, dans ce dernier cas, comme il ne manque point de malice, il prend plaisir à faire remarquer et à rectifier les erreurs commises par les personnes qui se sont mêlées d’écrire ces récits. Vous voyez que j’ai de qui apprendre ! et vous seriez bien étonnés si je vous disais toutes les choses qui m’ont été révélées. Tenez, par exemple, vous vous imaginez connaître dans tous ses détails l’histoire de la princesse qui, s’étant percé la main d’un fuseau, s’endormit d’un sommeil si profond que rien ne l’en put tirer, — pas même l’eau de la reine de Hongrie dont on lui frotta les tempes, — et qui fut couchée, dans un château, au milieu d’un parc, sur un lit en broderie d’or et d’argent ? J’ai le chagrin de vous dire que vous ne savez pas du tout ou que vous savez fort mal la fin de cette aventure ; et vous ne manqueriez pas