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LES OISEAUX BLEUS

— Oh ! qu’elle est jolie ! s’écria-t-il en s’arrêtant tout à coup.

Il avait aperçu la princesse Roselinde qui prenait le frais à sa fenêtre ; et, vraiment, il était impossible de rien voir sur la terre qui fût aussi joli qu’elle. Immobile, les bras levés vers la croisée comme vers une ouverture du ciel, par où s’offrirait le paradis, il serait resté là jusqu’au soir si un garde ne l’eût chassé d’un coup de pertuisane, avec de dures paroles.

Il s’en alla, baissant la tête. Il lui semblait maintenant que tout était sombre devant lui, autour de lui, l’horizon, la route, les arbres en fleur ; depuis qu’il ne voyait plus Roselinde, il croyait que le soleil était mort. Il s’assit sous un chêne, à la lisière du bois, et se mit à pleurer.

— Eh ! mon enfant, pourquoi vous désolez-vous ainsi ? demanda une vieille bûcheronne qui sortait de la forêt, l’échine courbée sous un tas de branches flétries.

— À quoi me servirait de vous l’apprendre ? Vous ne pouvez rien pour moi, bonne femme.