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LE VŒU MALADROIT

— En cela vous vous trompez, dit la vieille. En même temps, elle se dressa, rejetant son fardeau ; ce n’était plus une bûcheronne, mais une fée belle comme le jour, habillée d’une robe d’argent, les cheveux enguirlandés de fleurs, de pierreries ; quant aux branches sèches, elles avaient pris leur vol en se couvrant de feuilles vertes, et, retournées à l’arbre d’où elles étaient chues, elles chantèrent pleines d’oiseaux.

— Oh ! madame la fée ! dit le vagabond en se mettant à genoux, ayez pitié de mon infortune. Pour avoir vu la fille du roi, qui prenait le frais à sa fenêtre, mon cœur ne m’appartient plus ; je sens que jamais je n’aimerai une autre femme qu’elle.

— Bon ! dit la fée, ce n’est pas là un grand malheur.

— Peut-il en être un plus grand pour moi ? Je mourrai si je ne deviens pas l’époux de la princesse.

— Qui t’empêche de le devenir ? Roselinde n’est pas fiancée.

— Oh ! madame, regardez mes haillons, mes