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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/103

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MÉPHISTOPHÉLA

d’un mariage. Le fiancé dîne ce soir chez Mme d’Hermelinge. Je sais bien, dix-sept ans, c’est un peu jeune. N’importe, il y avait longtemps que nous avions cette idée-là, la voisine et moi ; et mieux vaut tôt que tard. Ah ! seulement, tu sais, j’entends que cela marche comme sur des roulettes, et qu’il n’y ait pas de pleurs ni de criailleries. Vois-tu, gamine, je te connais ; je te le dis, je te connais beaucoup mieux que tu ne penses. Si tu me prends pour quelqu’un qui est une sotte, qui ne voit rien de rien, tu te trompes. Et j’en ai assez, de vos bêtises. N, i, ni, les soupirs au piano et les autres simagrées et toutes les attaques de nerfs. On est une demoiselle, on se marie, c’est dans l’ordre, et ça guérit des syncopes.

Là-dessus, Mme Luberti sortit en ajoutant :

— Habille-toi, on dîne à sept heures.

Des paroles de sa mère, Sophie, debout contre le mur, n’avait guère entendu que celles-ci : un mariage, un mari, et elle répétait ces mots, le regard fixe, avec un air de ne pas comprendre. Puis tout à coup : « Oh ! mon Dieu, on marie Emmeline ! » soit que, dans son esprit, le dîner chez Mme d’Hermelinge impliquât qu’il s’agissait d’Emmeline, soit que l’hypothèse d’être mariée, elle, lui apparût comme totalement ab-