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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/125

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MÉPHISTOPHÉLA

cela ne serait rien, cela passerait vite ; si elle consentait à lui dire ce qu’elle avait, où elle avait mal, il imaginerait quelque moyen de lui porter secours, de la guérir. Comment ? elle ne voulait pas s’expliquer ? pourquoi ne voulait-elle pas ? Mais c’était peut-être sa maladie, justement, qui la faisait se tenir ainsi, silencieuse avec l’air mauvais ; tout à l’heure, remise, elle ne serait plus méchante. Ce qu’il y avait de plus pressé, c’était de ne pas la laisser là, debout contre le mur. Elle allait se coucher sur le lit, tout habillée, elle serait beaucoup mieux sur le lit ; il s’assoierait à côté d’elle, ne parlerait pas, si elle ne voulait pas l’entendre parler, ne la toucherait pas, si cela l’importunait qu’il la touchât. Oh ! elle pouvait être tranquille ! il ne ferait rien dont elle pût s’alarmer, et elle s’ensommeillerait doucement, dormirait quelques heures, aurait de bons rêves pendant que lui, comme une maman qui veille son bébé, la regarderait dormir, et après le repos, elle s’éveillerait calme, souriante, étonnée d’avoir eu du mal, n’en ayant plus, heureuse… Adoucissant jusqu’à de maternelles câlineries la rudesse de sa voix et l’énergie coutumière de son geste, il voulut la prendre par la manche du peignoir pour la conduire vers le lit ; mais dès qu’il étendit la main, les dents de Sophie claquè-