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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/130

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MÉPHISTOPHÉLA

cation, qui étaient ces deux emportements mêlés, — il écarta la mousseline du peignoir : il eut, devant lui, les seins ! Il avait touché, il vit cette chair froide et féroce de jeune fille, cette chair qu’il voulait, qui était à lui. Et il s’animalisa. Tout ce brave homme n’était plus qu’un mâle. Pourtant des pensées mêlées à des instincts : qu’elle était horrible, qu’elle l’obligeait à cette dureté, qu’elle ne voulait pas ayant consenti, qu’elle se refusait s’étant accordée, et qu’elle avait préféré mourir à lui appartenir, et qu’il avait deux fois le droit de la prendre, l’ayant épousée et l’ayant sauvée ; puis, en une douceur, que, peut-être, c’étaient les suprêmes effrois de la vierge, attendrissements, demain, de l’épouse, ces refus, ces courroux, ces mépris… N’importe, cette peau qu’il avait touchée, il la voulait. Oh ! comme il la voulait ! Il arracha le peignoir, il arracha la chemise, il arracha ses propres vêtements. D’une main, toujours, la tenant, elle ! il était nu sur sa femme nue, qui se taisait, avec le va-et-vient, seulement, des dents contre les dents. Il l’opprima, l’écrasa sous une pesanteur de bœuf qui se rue ! et, d’un double écartement forcené, irrésistible, il obligea la vierge à subir l’intromission triomphale de l’époux. Elle ne proféra pas un soupir, n’eut pas une seule