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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/147

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MÉPHISTOPHÉLA

rose, deux cimes fines comme celles qui interrompent la rondeur des pêches ; et un seul cheveu blond, très court, si mince, pareil à un imperceptible fil d’or, s’érigeait d’auprès d’un des bouts rosissants à peine, s’inclinait vite en une penchaison de brin d’herbe. Cette gorge d’enfant-femme, en sa montée, en sa descente, vivait délicieusement ; à cause des chaleurs du lit, une sueur, dont les gouttes de rosée s’étaient confondues, avaient flué en une tiédeur lisse, la mouillait toute, sous la veilleuse, d’une lueur.

Emmeline, après le soupir d’un réveil inachevé, se mut encore, si faiblement, s’enliza de nouveau dans le sommeil. Mais, la toile ayant suivi la pente du soulèvement, une lisse pâleur, en deçà de la gorge, le long du ventre pur, à peine renflé, glissait jusqu’au reflet mystérieux, sur le glacé comme aminci et çà et là bleuissant de la peau, d’une ombre vaguement dorée que des plis de drap, restés, voilaient comme d’une touffe de pudeurs. Et l’odeur qui sortirait d’un coffret de santal, longtemps clos, où l’on aurait enfermé des roses blanches et une seule rose-thé, émanait de cette virginité offerte en sa mi-éclosion.

Les mains aux tempes, pour y comprimer le