crainte à peine. Mais il eût beaucoup mieux valu qu’Emmeline, ce matin-là, ne passât point la porte. Avant de se mettre à table dans la salle du rez-de-chaussée, Sophie ferma les volets des deux croisées qui s’ouvraient vers la prairie. « Tiens ! pourquoi ? demanda Emmeline. — À cause du soleil, il va faire très chaud. » En effet, un orage s’amoncelait en nuages blanchâtres, un orage des chaleureux jours d’automne, qui pèse lourdement.
Ce jour-là, elles ne furent pas comme elles étaient tous les jours. Sophie s’inquiétait, — de quoi donc ? — avec un froncement parfois des sourcils. Emmeline se montrait plus gaie, plus câline, comme les enfants qui ont quelque chose à demander. La vérité, c’était que cela ne lui plaisait pas du tout de rester enfermée dans la maison, les volets clos ; elle finit par dire :
— Voyons, pourtant, parce que d’autres personnes se promènent, ce n’est pas une raison pour ne pas nous promener, nous aussi.
Sophie tressaillit.
— Qu’est-ce que tu dis ? non, non, je ne veux pas que tu sortes.
— Voyons, pourquoi ?
— Mais… on pourrait nous reconnaître. Des gens de Fontainebleau.