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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/246

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MÉPHISTOPHÉLA

prêtre, jadis, devait, sous peine de l’autel déserté, charmer d’un peu d’ensorcellement attendri, l’inquiétude des scrupuleuses ou le tourment des ardentes. Puisque la femme fut un esprit qui était des nerfs, puisqu’elle est des nerfs qui sont un esprit, il fallait, — de là Grandier à Loudun, — qu’il y eût dans le prêtre un peu du médecin (médecin, sorcier, c’était la même chose), et il faut, — de là les jeunes docteurs aux yeux suggestionnistes, aux lents gestes effleurants, — qu’il y ait dans le médecin un peu du mage (prêtre, mage, presque pas de différence). On cite, d’un illustre praticien, ce mot : voyant venir à sa clinique un étudiant à peu près paysan, aux gros doigts noueux de laboureur. « Bien ! bien ! dit-il, vous exercerez en province ; à Paris, on ne soigne bien qu’avec des mains d’évêque. » Il avait raison. Il est indispensable, — surtout s’il s’agit d’une femme, — de traiter avec un air de bénir ; et, dans la bénédiction, une ressemblance de caresse ne saurait nuire à la convalescence, concourt même à l’analepsie. On n’imagine pas ce qu’il peut y avoir, que dis-je ! ce qu’il doit y avoir d’élégance sacerdotale, — la plus jolie de toutes les élégances, à cause de l’air sacré dont elle s’originalise, — en l’homme qui est admis à tâter le pouls d’une