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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/314

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MÉPHISTOPHÉLA

autorisations laissées par le baron Jean, absent depuis plusieurs mois, parti, supposait-on, pour le Sénégal, fussent tout à fait en règle, il fallut remplir un certain nombre de formalités : après une semaine, l’orpheline revint à Paris. Elle avait plus de deux cent mille livres de rente. Les soucis de ces journées, l’éblouissement, d’abord, de cette fortune l’avaient divertie de l’idée fixe ; mais, retournée chez Magalo, elle rentra, toute, dans la morne pensée, s’y enliza plus profondément ; et elle était, par les chambres, la sinistre muette impassible, aux regards braqués vers rien, qui marche sans repos.

Puisqu’elle ne pouvait remédier à cette espèce de folie, Magalo avait pris le parti de ne pas s’en inquiéter, — son amie, après l’accouchement, redeviendrait ce qu’elle était naguère, — et, pour passer le temps, la petite cocotte s’occupait de la layette. C’était, sur tous les meubles, un désordre d’étoffes blanches, de dentelles, avec beaucoup de rubans bleus ou roses. Il viendrait nu, le petit — décidément ce serait un garçon — mais il serait vite habillé ; de langes brodés, ornés de fanfreluches, il y en avait assez pour cinq ou six nouveau-nés ; tout le jour elle taillait, cousait, ajustait ; elle avait acheté une grande poupée, où elle essayait les menus vêtements ; quand le mi-