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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/327

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MÉPHISTOPHÉLA

amie. Pendant toute une année, Mme d’Hermelinge ne parut pas avoir de préférée ; des connaissances seulement, à qui, les matins, elle rendait visite pour convenir de ce qu’on ferait le soir, du théâtre, du salon où l’on irait. Elle aimait beaucoup, dans le boudoir, dans le cabinet de toilette, ces causeries où l’on est sans façon, où l’on raconte tout ce qui vous passe par la tête. Quelquefois, en arrivant, elle disait à la femme de chambre : « Comment ? encore couchée ? cela ne fait rien, ne m’annoncez pas, je la réveillerai, la paresseuse ; » et, du salon, la femme de chambre entendait : « Ah ! mon Dieu, vous ! à cette heure-ci ? — Mais oui, chère belle, » puis, des rires. Après quelques instants, la baronne Sophor, qui, souvent, ces matins-là, était en amazone, s’écriait : « Tiens ! si nous allions faire un tour du côté d’Auteuil, ou de Suresnes ? » Et il n’était pas rare que la fantaisie les prît d’un déjeuner dans quelque cabaret de campagne. Mais pas d’amitié sérieuse ; la banalité souriante des relations mondaines où Mme d’Hermelinge mettait un peu de crânerie et d’extravagance.

Elle éprouva un sentiment plus violent, et très complexe, pour la princesse Leïlef, qui était bien la plus extraordinaire petite personne que l’on pût imaginer.