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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/354

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MÉPHISTOPHÉLA

Belle, riche, éclatante, elle les conquit, ces femmes, toutes ou presque toutes ; celle-ci de quelque princier présent, celle-là d’un baiser brusque sur les lèvres quand on descend seules l’escalier déjà sombre. L’une ne refusa pas de la rejoindre dans quelque cabinet de restaurant nocturne, l’autre accepta de la suivre, le soir, dans un village au bord de l’eau, où, après le dîner sous une tonnelle d’auberge, on manque le train. Soit qu’elles fussent accoutumées à de tels caprices, soit qu’au contraire la nouveauté les y invitât, soit qu’il leur parût amusant de jouer ce tour à Silvie Elven qui s’était moquée d’elles, vraiment, avec son air de sainte-nitouche et sa façon de demander grâce quand on lui soufflait de trop près dans la petite bouche qu’elle offrait pour la refuser. Et quelques-unes, — celles en qui n’étaient pas éteintes toutes les flammes, ni rompus tous les nerfs, — restaient songeuses les lendemains. Elles avaient été déconcertées, même les plus perverses, par quelque chose de terriblement insolite, à quoi elles n’avaient jamais songé. S’amuser, bien ; pourquoi pas ? où est le mal ? au contraire, c’est très innocent, c’est comme à la pension. Mais Sophor était redoutable. Valentine Bertier, malgré tant d’expérience, dit : « Ça, ce n’est pas de jeu. » Et ces jolies filles, ne connais-