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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/361

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MÉPHISTOPHÉLA

Arétines. Après le Bois, où elle était comme la reine d’une troupe d’amazones qui l’escortaient, la rejoignaient avec des appels et des rires, on entendait, des fenêtres de son hôtel ou des croisées d’un restaurant à la mode, sortir un tumulte de joie : la baronne Sophor d’Hermelinge dînait avec ses amies ; les lampes allumées, il y avait derrière la transparence des rideaux des passages de blancheurs rosées d’une teinte qui n’est pas une couleur d’étoffe. Silvie Elven était-elle là ? non, elle n’aurait pas pris plaisir à ces fêtes où l’on fait trop de bruit, aimait plutôt à sourire qu’à rire, pleurait aussi, presque volontiers. Puis, un peu souffrante, elle ne sortait pas le soir. Toujours cette petite toux. Quant à Sophor, elle ne s’attardait pas longtemps aux folies d’après le champagne. Bien avant l’heure où finit le spectacle, elle allait à la Comédie rejoindre Céphise Ador ; elle avait un continu besoin de la voir, d’être vue la voyant. Il n’était pas besoin d’habilleuse pour les changements de la comédienne ; c’était son amie qui lui mettait à genoux d’autres bottines, qui lui délaçait, lui laçait les robes, et, le corsage pas encore fermé, folle des belles chairs offertes, elle l’enlaçait en un délicieux paroxysme. Ensuite, s’il y avait quel-