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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/435

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MÉPHISTOPHÉLA

— Je te dis de te taire et de te remettre au lit.

En même temps, elle l’empoigna, l’enleva, la jeta sur les draps.

— Te tairas-tu, maintenant ?

— Oui, oui, si tu veux, balbutia Céphise.

Elle s’abandonnait sur la couche, la tête dans l’oreiller, les yeux vers le mur, hagards. Sophor la considéra longtemps, comme pour bien s’assurer de cette immobilité, comme pour la fixer sous la menace de son regard. Enfin, elle s’écarta, marcha lentement vers un fauteuil, le tourna vers la croisée, s’assit, les mains aux bras du siège. Elle restait sans mouvement, elle pensait, les prunelles mornes, vers les rideaux. Par instants, du lit, venait un petit sanglot, retenu, dans une secousse. Elle n’y prenait pas garde. La fenêtre, elle ne la quittait pas des yeux. Elle avait l’air d’attendre le jour avec anxiété…

Céphise, dès lors, n’eut plus qu’une pensée : découvrir la femme que la baronne d’Hermelinge lui préférait. Car elle ne s’était pas contentée des vaines excuses de son amie ; est-ce qu’on a des soucis ? est-ce qu’on est malade ? La vérité, c’était que Sophor éprouvait quelque violent amour ; et, dédaignée peut-être, elle appartenait toute à son désir. Mais la nouvelle aimée, qui était-ce ? Céphise cherchait