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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/474

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MÉPHISTOPHÉLA

maître. Ainsi, c’était possible, c’était sûr : elle retrouverait Emmeline ! Oh ! mon Dieu, une angoisse lui étreignit le cœur. Si Emmeline était morte ? Même très jeune, on meurt ; les plus exquises s’en vont souvent les premières. Cette idée : Emmeline morte, mise dans la terre, devenue l’horrible chose en quoi s’achèvent les cadavres, la comblait d’épouvante et de désespoir. Et cependant, cela pouvait être que la mignonne eût cessé de vivre, pendant tout ce temps. Mais non, ce n’était pas vrai ! Sophor refusait de croire à l’impossibilité de la revoir. Si son amie avait été atteinte d’une maladie mortelle, elle en aurait reçu, au fond de soi, quelque mystérieux avertissement. Non, non, pas morte, bien vivante ! et tout était pour le mieux, puisqu’elles allaient se retrouver, sûrement.

Elle eut une déception. M. d’Hermelinge ne figurait pas sur l’Annuaire. C’était singulier. Avait-il été tué, dans quelque escarmouche, en Afrique ? Très inquiète — car, le baron mort, comment découvrir Emmeline ? — elle alla au ministère de la guerre, fit passer son nom à un chef de bureau qui la reçut tout de suite ; elle était une des illustrations étranges de la vie parisienne, on était curieux de la voir de près. Précisément ce chef de bureau avait