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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/539

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MÉPHISTOPHÉLA

l’avoir entendu plus d’une fois, jadis, professer dans les boudoirs ses paradoxales théories. Même, très souvent, au temps de son orgueil, elle avait souri de cette espèce de savant qui tenait du sorcier, qui gâtait d’une hâblerie d’empirique sa très légitime autorité d’expérimentateur, qui avait l’impertinent mauvais goût de nier la joie et le rire, de ne pas croire au bonheur des heureux ; à plus d’une reprise, elle s’était senti des colères contre cet homme dont l’œil, au Bois, aux théâtres, la cherchait, la trouvait, ne la lâchait pas, avec un air de constater des symptômes ; et par agacement, elle l’avait haï. Mais, maintenant, elle était de l’avis d’Urbain Glaris ; elle savait quel deuil désole, sous l’extériorité en fête, la conscience de ceux qui transgressèrent la loi humaine. Pareille aux tristes enviés qu’il appelait ses clients, elle était la lamentable chercheuse d’oubli. Et, parce qu’elle n’avait plus la force des rancunes, parce qu’elle aurait demandé pardon même à qui l’offensa, elle était venue, en une vague intuition de quelque soulagement peut-être. Cet adepte, qui raffinait la science d’un peu de magie, pouvait avoir des secrets, des façons d’endormir, sinon de supprimer tout à fait, les douleurs semblables à celles dont elle était navrée ;