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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/555

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MÉPHISTOPHÉLA

leur et de nauséabond, qu’elle portait en soi, s’était dérobé, n’était plus là ; elle avait en tout son être une disparition d’anxiété ; c’est cela que les possédés doivent éprouver après l’exorcisme.

La tourière l’introduisit dans le parloir en disant : « Mme la supérieure va venir, avec Mlle d’Hermelinge. » Sophor resta seule, assise devant une grille, dans la chambre aux murs nus. Elle attendait, elle espérait. Elle était, vers cette grille, comme une prisonnière attentive à un signal que va donner une cloche lointaine ; signal de joie ou de désespérance… de joie, à coup sûr ! de tranquille et rassérénante joie ! Ce ne fut pas derrière la grille que Mlle d’Hermelinge apparut ; une porte s’ouvrit, et, presque poussée par une religieuse bleue et blanche, une jeune personne entra, la tête détournée, les bras le long du corps.

— Voici votre mère, embrassez-la, dit la Supérieure.

L’enfant n’osait pas s’approcher davantage, n’osait pas regarder la visiteuse, et par faiblesse, ou par un instinct de respect, elle tomba sur les deux genoux ; puis, les mains sous le menton, se mit à dire une prière. Eh bien ! pourquoi Sophor ne lui ouvrait-elle pas les bras, ne