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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/62

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MÉPHISTOPHÉLA

taient parmi les plus riches personnes de la ville.

Des ferveurs héroïques éclataient sur le visage de Sophie ! Elle éveillait, si pure et si ardente, avec une piété comme chevaleresque dans les yeux, avec sa robustesse maigre qu’une robe étroite serrait d’une armure de soie couleur de neige, l’idée d’une petite guerrière sacrée, d’une nonnain templière. Elle était hautaine, presque archangélique, mignonne pourtant dans le défi altier de sa foi ! elle allait, vraiment, à la conquête du salut ; et on eût été mal venu à lui faire résistance, car elle aurait défoncé à coups d’épée les portes du paradis. Au contraire, une martyrisée heureuse, que le supplice, par quelque pitié, n’acheva point, et qui, avant d’expirer, veut une dernière fois rendre témoignage à Dieu, voilà, en sa langueur toute penchée, en la dolente extase d’une invisible blessure, comme apparaissait Emmeline, déjà grasse ; sur son doux front tendrement vaincu, où les pâleurs mêmes étaient roses, tremblait le nimbe frisottant de ses cheveux si pâlement blonds, d’argent doré par le soleil.

Quand les communiantes, après la marche processionnelle, se furent rangées dans le chœur, devant l’autel, quand toutes ces blancheurs se fu-