Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/31

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« Un mâle étant sorti de moi, jusques à quand
« Garderas-tu le fils impur de l’étrangère,
« Qui, tout jaune du fiel que l’orgueil lui suggère,
« Cligne de l’œil dans l’ombre et rôde en se moquant ?

« Va, chasse avec le fils la mère égyptienne
« Comme on jette la branche avec son fruit gâté ;
« Sans doute il n’est pas bon qu’à ma fécondité
« Se confronte l’opprobre insolent de la sienne.

« Puisque l’on voit encor sous le lin gracieux
« Sa jeunesse mûrir en deux rondeurs égales,
« Qu’elle parte ! emportant des tentes conjugales
« La honte de ma face et l’amour de tes yeux !

« Certes, le faon de la servante, qui put naître
« Sans lui rider les flancs ni lui creuser les seins,
« Avec l’homme que Dieu réserve à ses desseins
« Ne partagera pas l’héritage du maître. »