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Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/33

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Puis, brusque, et dans une âpre explosion d’éveil,
Comme un fauve lion se cabre hors de l’antre
De l’or dans la crinière et de la pourpre au ventre,
Au sanglant horizon surgit le beau soleil !

Avec un grouillement de fourmilière en marche,
Les prospères loisirs et les labeurs contents
S’émurent, clairs et vifs, sous les cieux éclatants,
Autour des pavillons bénis du patriarche.

Sous les grands seaux d’argile où le lait ruissela,
Les servantes passaient, laissant pendre leurs manches ;
Des groupes d’enfants nus tétaient les chèvres blanches ;
Et les deux exilés, de loin, voyaient cela.

Alors Agar : « Malheur à ceux qui m’ont chassée !
« Ils séjournent, pleins d’aise, au creux des gras vallons,
« Et moi, vers le désert aride, à reculons
« Je fuis, chienne battue et du pied repoussée !