Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/124

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        Ta plume ici fut un peu mensongère ;
                Peut-on dormir auprès de toi ?

Qui t’a couverte ainsi de vêtemens funèbres ?
Ton ami de la tombe a donc franchi le seuil ?
Muse, sèche tes pleurs, quitte cet air de deuil,
N’appelle plus sur toi d’éternelles ténèbres.

Je le sens, ton ami n’est pas près de mourir ;
Relève, tendre fleur, ta fige qui succombe ;
                Ah ! le ciel pour se réunir
                Créa d’autres lieux que la tombe.

Seize fois ton regard vit un nouveau soleil :
Seize fois à tes yeux la terre s’est fleurie :
Rien que seize ans !… c’est l’âge où tout est plus vermeil,
Où mille adorateurs vont encenser ta vie !…
Belle de tes seize ans, quand aurai-je une amie
Pour guetter comme toi mon songe et mon réveil ;
Comme toi pour pleurer sur mon dernier sommeil ?

Un Abonné, âgé de vingt ans.

« Cette pièce de vers, me dit Elisa, m’est une preuve sans réplique qu’on s’est donné la peine de lire les miens par le soin qu’on a pris de les analyser, et pourtant je trouve que Dors, mon ami, et ma petite élégie n’en valent guère la peine, mais c’est peut-être pour m’encourager qu’on m’adresse des choses si flatteuses. »

S’il me fallait insérer tous les vers qui ont été adressés à Élisa, ils formeraient à eux seuls un gros in-8.