Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/168

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à M. Danguy était tout ce qui nous restait, ainsi que notre mobilier. Je crois réellement que le ciel eut pitié de nous, car la duchesse de Berri, en parlant, fit remettre à Élisa une somme de 150 fr. Le maire de la ville de Nantes lui écrivit, après le départ de Madame, de faire porter dix exemplaires de ses Poésies au secrétariat de la mairie, et avait joint à son billet le bon pour en recevoir le montant. Une dame anglaise lui paya un volume 5 guinées, et monseigneur l’évêque, que nous avions rencontré au palais de la princesse et qui avait paru s’intéresser beaucoup à Élisa, la força d’accepter plusieurs pièces d’or pour un volume que nous lui portâmes pour sa nièce, en lui disant qu’elle devait le regarder comme un père, et qu’il la priait, si elle se trouvait jamais dans l’embarras, de s’adresser à lui. Élisa n’osa parler.

La perte qu’Élisa avait faite lui avait laissé une grande tristesse ; dès cet instant elle désira de quitter Nantes ; elle le désirait avec d’autant plus de raison que, depuis quelques mois, elle avait eu le malheur d’inspirer une violente passion à son vieil instituteur, M. Danguy, et qu’elle sentait que l’absence pouvait seule mettre un terme au supplice que cet amour lui faisait en-