Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/188

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temps à la maison pour arracher Élisa à l’abîme qui allait devenir son tombeau, et qui, malgré mon retour, le serait inévitablement devenu, sans la précaution qu’elle avait eue de me faire emporter une clef pour que je pusse rentrer dans le cas où elle viendrait à s’endormir. Sans cette précaution, dix minutes plus tard je n’avais plus d’enfant… Elisa serait morte asphyxiée !!!

Trop inhabile pour décrire les souffrances que fit entrer dans mon cœur l’aspect du danger de ma fille, et tout ce qu’eut de déchirant la scène que mon désespoir et son repentir provoquèrent à son réveil, je me bornerai seulement à faire connaître qu’en ressaisissant la vie prête à s’échapper de son sein, qu’Élisa recouvra sa raison, et que, pour ne plus la perdre, car elle venait de faire la triste expérience que qui s’expose au danger le trouve, elle renonça pour jamais à la lecture des journaux [1], et se promit, si jamais elle devenait mère, et que le ciel lui donnât des filles, de ne pas leur en laisser lire plus que de romans [2]. J’ajouterai que s’il n’est point de

  1. Écrits sans talent, les journaux eussent été sans danger pour Élisa.
  2. Élisa faisait des romans et n’en lisait pas.