Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/189

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faute que le remords ne puisse expier, que celle de ma coupable, quoique bien innocente enfant, a dû trouver grâce entière devant Dieu, lorsque son âme repentante s’est inclinée devant sa miséricorde infinie !!!

L’état d’asphyxie presque complet dans lequel j’avais trouvé Élisa lui laissa pendant huit jours un tel engourdissement, que je ne fus occupée, pendant tout ce temps, qu’à lui frictionner, avec des liqueurs fortes, les membres, les tempes et la région du cœur, afin de la tirer du sommeil léthargique dans lequel elle restait plongée des journées entières sans qu’il fût possible de la réveiller… Pauvre enfant ! je parvins, par mes soins, à la faire vivre lorsqu’elle voulait mourir,… et je n’ai pu l’empêcher de mourir lorsqu’elle désirait vivre !!!…

Lorsque l’effet produit par le charbon fut entièrement dissipé, Élisa reprit ses travaux ; elle travailla si activement qu’en six mois sa tragédie fut achevée ; nous en portâmes le dernier acte à M. de Martignac dans le courant de juillet. Il lui dit que dès qu’if serait moins occupé, qu’il demanderait une lecture pour elle au comité du Théâtre-Français, et qu’il porterait sa pension à deux mille francs, afin que, dégagée de toute inquiétude de l’avenir, elle pût donner