Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/193

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« Non, dit-elle, il est trop tard, la moindre émotion me tuerait, et ma pauvre mère a besoin de moi ! car qui prendrait soin de ses vieux jours si elle venait à… Oh ! changeons de conversation, je vous en supplie, dit-elle, celle-ci m’agite beaucoup trop. » Et elle pencha sur mon épaule sa tête brûlante de fièvre !!!

« Mais, mademoiselle, songez donc que votre succès vous rendrait la santé ; songez au bonheur d’être couronnée !!!

— Le Tasse ne le fut qu’après sa mort, dit-elle avec un sentiment profond de douleur, si j’ai même destin et que maman me survive, elle m’apportera la couronne. N’est-il pas vrai, ma bonne mère, me dit-elle en s’efforçant de sourire, que tu me l’apporteras, tu me le promets, n’est-ce pas ? » Et elle m’embrassa.

Depuis lors Élisa ne cessa de me parler de sa tragédie et du mauvais procédé de M. Taylor à son égard. Un jour qu’elle m’en avait entretenue pendant deux heures, sans qu’il m’eût été possible, quelque effort que je fisse, de détourner un seul instant son attention de ce sujet, elle me dit :

« Si Dieu m’appelle à lui, ma pauvre maman, on fera mille contes sur ma mort ; les uns diront que je suis morte de misère, les autres d’a-