Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/197

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infinies, n’ont pu un seul instant détourner mes regards du but qu’elle m’a désigné en mourant ; but que j’aurais atteint depuis long-temps si je n’avais été victime de la mauvaise foi de ceux pour qui le malheur des autres est une bonne fortune, et qui ont exploité le mien à leur profit, et si je n’avais eu à remplir des engagemens antérieurs à ceux pris pour la publication, engagemens contractés avant et pendant la longue et coûteuse maladie de ma fille [1], et dont il

  1. Parmi les dettes contractées avant la maladie de ma fille, une d’elles se trouvait pour une partie du mobilier que nous avait fourni un tapissier lors de notre arrivée à Paris. Il serait à souhaiter que je n’eusse rencontré que des créanciers semblables. Je fus obligée de lui écrire plusieurs fois d’apporter les billets qu’il avait d’Élisa pour qu’il s’y décidât, et lorsque je lui demandai pourquoi il avait tardé si long-temps à venir, il me répondit que j’avais assez de mon chagrin sans qu’il s’empressât de venir l’augmenter par sa présence. « Mais cependant, monsieur, lui dis-je, je vous dois de l’argent, et s’il m’avait été impossible de vous le payer, il aurait bien fallu que vous vinssiez pour reprendre des meubles pour la valeur de la dette… — Moi, en reprendre, me dit-il d’un air tout consterné ; mais vous avez donc bien mauvaise opinion de moi, pour croire que j’aurais été capable de vous dépouiller de meubles qui ont appartenu à votre chère enfant ! Lorsque vous pourrez me les payer sans que cela vous gêne, j’en prendrai l’argent ; mais s’il en était autrement, rappelez-vous qu’ils vous appartiennent : je me trouverais trop malheureux d’avoir à me reprocher de vous avoir privée d’objets qui doivent être de saintes reliques pour votre cœur. « J’eus toutes les peines du monde à l’obliger à prendre l’argent que je lui devais. « Donnez aux plus pressés, me disait-il, j’attendrai. » Je