Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/215

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Subjugué maintenant par les sons de ta lyre,
Ce Bonheur tant rêvé s’attache à ton destin.
Par un instinct inné qui dispose de l’âme,
Ta voix, qui s’unissait aux longs soupirs des mers,
Surprenant dans ton cœur des pensers pleins de flamme,
Dans les temps d’infortune a trouvé des concerts.
Tu rejetas le fruit qui meurt lorsqu’on le cueille ;
La gloire pour ton front laissait croître un laurier ;
Marchant sans regarder le gazon du sentier,
Tu méprisas la fleur qui sous le pied s’effeuille.
Par toi, la Vérité, comme un divin flambeau,
S’échappa de la nuit du silence et du doute ;
Et, pour lever les yeux vers la céleste voûte,
L’Ignorance vaincue arracha son bandeau.
Ton luth aux nobles sons par un vent du caprice
Lorsque tu le touchais ne fut point agité ;
Sa corde, que jamais n’effleura l’injustice,
Eut même dans l’exil des chants de liberté.

Mais il est des momens où la harpe repose,
Où l’inspiration sommeille au fond du cœur,
Où les gouttes du ciel qui baignaient une rose
En séchant par degrés n’humectent plus la fleur.
          Dans ces instans de rêverie,
Où ton luth sans accords est muet sous tes doigs,
Comme un son fugitif de quelque note amie,
Accueille doucement un accent de ma voix.
Caresse le présent au nom de l’espérance,