Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/224

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          Et mes yeux ne s’ouvriront plus :
          Alors, dans la nuit éternelle,
          Nos deux cœurs seront confondus.
          Ah ! quand ils l’étaient sur la terre,
Nous croyions rencontrer le bonheur dans l’amour ;
              C’était une chimère
          Qui n’a pu nous tromper qu’un jour.
     J’ai tout perdu ; de ma bouche brûlante
          S’échappe un soupir douloureux :
Mais, seule avec ses pleurs, ta malheureuse amante
          Ose encore former des vœux.
          Je rêve… La cloche m’éveille,
          Et c’est pour gémir sur mon sort.
Dans le plus doux repos mon jeune ami sommeille ;
          Moi seule j’ai senti la mort.
Quand tu fus arraché des bras de ton amie,
Quand ton âme vola vers l’immortel séjour,
Je sentis s’affaiblir le flambeau de ma vie ;
     Il répandait à peine un triste jour.
          Bientôt, de profondes ténèbres
          Succéderont à sa lueur :
          La mort couvre mes yeux de ses voiles funèbres,
              Son froid glace mou cœur ;
Ma voix s’éteint, je cède, je succombe :
          Je suis heureuse de mourir,
          Puisqu’aujourd’hui la même tombe
          Va pour jamais nous réunir.


(Octobre 1825.)