Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/252

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Seule, et loin de l’objet que j’idolâtre encore,
Le mal du souvenir lentement me dévore :
              Si je pouvais mourir !
Oui, pour mon cœur brisé, qui par degrés succombe,
Des trésors de la terre il n’est plus qu’une tombe :
              Qu’elle tarde à s’ouvrir !

Quand descendra sur moi l’ombre de la vallée,
Qu’on verse, en me nommant, sur ma tombe isolée,
              Quelques larmes du cœur.
Mais ces larmes, hélas ! qui viendra les répandre ?
Et, plaintif, tristement imprimer sur ma cendre
              Le pas de la douleur ?

S’il disait, à genoux sur la pierre glacée :
« Déjà telle qu’un rêve elle s’est effacée ;
               « Elle dort maintenant.
« Pour comprendre mon âme et plaindre ma misère,
« Un ange projeta son ombre sur la terre ;
               « Ce ne fut qu’un moment ! »

Peut-être, en l’effleurant de son aile azurée,
L’ange recueillerait sur sa bouche adorée
              Ses vœux et ses regrets.
Mais pourra-t-il pleurer s’il joue avec la vie ?
Le riche n’entend pas le pauvre qui mendie
              Sur le seuil du palais !