Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/253

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Rien ne t’interrompra, monotone silence,
Que le chant de l’oiseau, qui faiblement s’élance
              Comme un accent d’amour ;
Ou le bruit passager de la feuille agitée,
Ou le son languissant de la cloche attristée
              À chaque heure du jour.

Pourquoi donc s’égarer dans ces pensers funèbres ?
Nébuleux avenir, ah ! qu’au sein des ténèbres
              Tu sois caché toujours.
Du ruisseau de la vie, ou l’impide ou bourbeuse,
Je veux laisser passer l’onde capricieuse,
              Sans regarder son cours.

Ce voile dont le ciel couvre ta destinée,
Ce voile qu’en fuyant soulève chaque année,
              Pourquoi le déchirer ?
Au livre du destin s’il essayait de lire,
L’homme verrait à peine une heure pour sourire,
              Un siècle pour pleurer.

L’avenir, ce réveil des songes de l’enfance,
Vient effeuiller trop tôt les fleurs dont l’espérance
              Pare notre matin.
Incertain, tour à tour il attriste, il console :
C’est l’instant qui succède à l’instant qui s’envole,
              Ou c’est un lendemain.