Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/274

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Que le temps vient jeter sur ce voile éternel,
Seul vêtement qui reste à ce qui fut mortel.
Ce voile, que souvent l’affreuse main du crime
Lève, quand, demandant s’il couvre une victime,
Dans un horrible espoir, en vain l’œil égaré,
Cherche ce que la mort a déjà dévoré…
Ne m’offre plus, mon cœur, cette funèbre image ;
Ma bouche doit avoir un plus calme langage.
L’écho semble effrayé quand le torrent s’enfuit,
Il a de doux accens lorsqu’un ruisseau frémit.
L’homme, dans sa douleur, tonne, crie et délire ;
Mais la femme est paisible, elle pleure ou soupire.

Là, celui qui rêvait mille songes d’orgueil
Ne les écoute plus en foulant un cercueil ;
Là, plus d’illusions, de prestiges, de gloire,
Sur ce qu’il a souffert s’arrête sa mémoire ;
Et dans un sein brûlé du seul feu des soupirs,
Son âme rajeunit tous ses vieux souvenirs.
Vous qui vous inclinez devant un mausolée,
Qui foulez sans la voir l’herbe de la vallée ;
Vous dont les vains regrets imitant la douleur
S’exhalent pour tromper, quand la glace est au cœur ;
Se cachant pour jamais sous cette herbe foulée,
Tranquillement ici dort une ombre isolée.
Cetlte humble croix l’indique, et vous passez, hélas !
Un riche monument ne la renferme pas !…
Ah ! celui qui n’est plus, quand un ami le pleure,