Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/275

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Ne peut avoir besoin d’une vaine demeure ;
Dort-on plus doucement sous un arbre orgueilleux ?
Un souvenir, des pleurs, voilà ses derniers vœux ;
Et son ombre à la vie échappant consolée,
Dans le cœur qui l’aima trouve son mausolée.
Et vous qui dans ces lieux ne cherchez que des fleurs,
Effeuillez ces tributs d’immortelles douleurs,
Dans votre illusion, douce et flatteuse amie,
Longuement savourez le bonheur et la vie
Gardez-vous de penser ; riez, riez encor,
L’infortune bientôt vous nommera la mort.
Jetez un voile heureux sur vos fraîches années,
Marquez vos légers pas sur ces roses fanées,
Bien long-temps, s’il se peut, chantez, rêvez l’amour ;
Laissez tonner l’orage à la chute du jour ;
Bercez d’un vague espoir votre jeune existence.
Trop de momens encor restent pour la souffrance.
Mais, soudain, quels accens dans le séjour du deuil ?…
Ce sont des chants d’adieu consacrant un cercueil.
Toi, que dans cet instant on vient rendre à la terre,
Peut-être enviais-tu la paix du cimetière ?…
Ah ! tout est froid déjà ; ton cœur jadis brûlant
N’a pas même un soupir, un léger battement.
Peut-être aussi la mort, achevant ton délire,
Sur ta bouche entr’ouverte a glacé le sourire ?
Peut-être espérais-tu de longs jours de bonheur ?
Le bonheur est-il donc où le cherche l’erreur ?
Quand l’âme fuit la terre, en rejetant son ombre,