Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/35

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puis assurer, c’est qu’elle me parut beaucoup moins affligée ; mais je dois dire qu’elle croyait la guérison du bon Dieu certaine, car tout à coup il lui vint à la pensée que M. Aublanc [1] (c’est le nom du médecin qui nous donnait des soins) irait voir le bon Dieu, et que, dès qu’il lui aurait tâté le bras, regardé la langue et fait prendre deux onces de sirop de chicorée pour lui faire rendre ses vers, il serait guéri et qu’alors il rouvrirait ses contre-vents et que nous reverrions le jour et le soleil comme à l’ordinaire. Elle me pria en grâce d’écrire bien vite à M. Aublanc pour l’avertir que le bon Dieu était malade, en cas qu’il ne le sût pas, et le prier de l’aller voir et de le guérir tout de suite.

L’idée de la maladie du bon Dieu et des soins que M. Aublanc lui prodiguerait me donnèrent une telle envie de rire, que je ne songeai pas du tout, dans le moment, à faire revenir Élisa de l’erreur où elle était, erreur où je l’avais probablement jetée moi-même sans y penser. Je ne

  1. Élisa avait une telle confiance en M. Aublanc qu’elle croyait que rien ne lui était impossible. Pauvre enfant, au miracle près, elle a eu toute sa vie la même confiance en lui. Combien de fois, dans sa maladie, elle m’a dit : « Ah ! si M. Aublanc était ici, lui qui connaît si bien mon tempérament, il me sauverait, j’en suis sûre.