Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Aigle, si près des cieux dans ton vol arrêté,
Réponds, toi qui le sais, combien coûte la gloire ?
          Combien s’achète un mot d’histoire ?
Combien as-tu payé ton immortalité ?…

Du sang de ses deux fils Brutus paya la sienne.
Le Volsque recueillit l’exilé Marcius.
Le Gaulois pesait l’or… La roche Tarpéienne
          Fut la tombe de Manlius.

Mais déjà tu souillais la toge consulaire :
Ce n’était plus le temps de ta vertu sévère,
Où des Cincinnatus, fiers de leur pauvreté,
S’inclinaient, orgueilleux, sur la charrue antique,
Pour entr’ouvrir ton sol au laurier poétique,
          Au chêne de la liberté.

Ce n’était plus ce temps… Sur l’africain rivage
          Déjà l’ombre de Régulus
S’étonne au bruit des pas du proscrit Marius
Demandant un asile aux débris de Carthage.

En mendiant le trône et donnant l’univers,
Jusqu’au dernier degré César monte… il s’arrête,
Tombe, et de son manteau cache en mourant sa tête.
Aux cris des assassins répond un bruit de fers.
Le sort se fatiguait, et ton bouillant génie
          Désapprenait à triompher,