Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/38

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point de souvenir, quelque récent qu’il soit, auquel il ne manque quelque chose, et Dieu permit que la partie principale manqua à celui d’Élisa. Qu’aurais-je pu lui répondre, à cette pauvre enfant, si elle m’avait dit, lorsqu’il me fallut la détromper :

— Qui m’assurera que les paroles que tu emploies pour me tirer de l’erreur où tu m’as jetée sont plus vraies que celles dont tu t’es servie pour me tromper ?…

Enfin, grâce à la mémoire inexacte d’Élisa, je ne me trouvai point dans cet embarras, ou plutôt, grâce à son âge peu avancé. Mais si j’en fus quitte pour la peur, je puis assurer que la leçon que ce petit incident me donna ne me fut point une leçon perdue ; il me démontrait trop évidemment que le mensonge, quelque innocent qu’il soit en apparence, n’est jamais sans danger pour un enfant, surtout à l’âge où il adopte sans examen aucun toutes les idées qu’on lui présente, pour que je ne fisse pas de sérieuses et utiles réflexions ; aussi, si la manière dont j’ai élevé ma fille m’a valu par la suite quelques approbations, je crois en être redevable aux réflexions que je fis alors, car ce ne fut qu’alors que je m’aperçus que je n’avais pas exa-