Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/39

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miné avec assez d’attention toute l’étendue de mes devoirs, et que je n’avais pas pesé comme je l’aurais dû toute l’importance de la tâche que mon titre de mère m’imposait. Décidé à la remplir jusque dans ses plus minutieux détails, cette tâche si sacrée pour mon cœur, je compris qu’elle ne consistait pas seulement à fournir scrupuleusement aux besoins de ma fille et à veiller religieusement à la conservation de cet être si cher ; mais que je devais en même temps songer à former son jugement et son cœur, et que, pour y parvenir, je ne devais lui faire entendre d’autre langage que celui de la vérité [1], langage d’ailleurs si facile à parler pour une mère, lorsque c’est son cœur qui le porte à ses

  1. Élisa s’identifia si bien avec la vérité qu’elle lui devint, je crois, une seconde nature. Aussi me la disait-elle lors même qu’elle était à son désavantage et que j’aurais pu ne pas la savoir. Il me suffira d’en citer une seule preuve pour que l’on puisse se faire l’idée de la bonne foi de son caractère, car telle elle fut étant petite, telle elle fut étant grande, il ne se fit jamais de changement en elle de ce côté-là.

    Lorsqu’elle était enfant, je la menais avec moi partout où j’allais, à moins qu’il ne fît trop mauvais temps ; je ne m’en séparais que le moins qu’il m’était possible. Un jour qu’il pleuvait à seaux et qu’une affaire importante m’obligeait à sortir, je me vis contrainte de la laisser à la maison, et de l’y laisser seule, car ma bonne était absente. Comme il m’aurait été impossible de l’enfermer dans une chambre plutôt que dans une autre, toutes les portes