Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/381

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Quand le poison bouillonne et dévore ses veines,
Il meurt, en méditant son immortalité.

À ce qui vient des cieux l’ignorance et l’envie
          Ont-elles jamais pardonné ?
Le Tasse et Camoëns n’ont-ils pas bu la vie
          Comme un nectar empoisonné ?
Ce monde, qui semblait rougir de les comprendre,
A pourtant eu des pleurs pour en mouiller leur cendre ;
Mais c’est sur leur tombeau que Ton s’est prosterné.

          Toi qui, vers de jeunes rivages
Guidant de l’Espagnol les incertains vaisseaux,
Des astres du midi sur de nouvelles plages
          As vu briller les feux nouveaux,
Colomb, de pas hardis tu sus empreindre l’onde :
Cette esclave, à ta voix, sous toi s’incline encor,
Et la coupable Espagne, en recevant un monde,
          Te donne un cachot pour trésor.

Galilée arrachait son vieux sceptre à la terre ;
          Son front pâle et sexagénaire
S’est incliné, captif, sous un joug imposteur.
L’infortuné, qu’atteint un arrêt despotique,
S’accuse en frémissant de démence et d’erreur ;
Et rendant le vulgaire à sa nuit fanatique,
Échappe au fer des lois, au glaive inquisiteur.