Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/392

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Un siècle allait mourir : pendant son agonie,
        Contre un sceptre jouant ton sort.
Ô France ! tu n’aimais que la sombre harmonie
Du signal du carnage et des cris de la mort.
        Le cœur froid, le regard sans larmes,
Et pour les étouffer embrassant tes enfans,
Tu n’étais attentive, hélas ! qu’au choc des armes,
Ou qu’au bruit répété du tonnerre des camps.

Et nous n’osions alors penser avec notre âme,
Attendant à genoux le trépas ou l’exil :
Les insensés !… l’Etna, lorsqu’il a trop de flamme,
        Dans ses flancs la renferme-t-il ?

        Ah ! pendant ces jours de démence,
On te vit trop long-temps, ivre de ta puissance,
Sur tes fils qui tombaient rouler un char vainqueur.
Alors qu’ils t’appelaient de leur voix inutile,
Les grands hymnes d’Homère ou les chants de Virgile
Pouvaient-ils sous le bronze aller chercher ton cœur ?

        On n’avait pas comblé la tombe ;
Elle reçut Chénier, cygne aux divins adieux :
Déjà sur l’échafaud il chante, le fer tombe,
        Et son hymne s’achève aux cieux.

        De ces jours effacez l’histoire ;
        Pour eux soyons tous sans mémoire.